Les chroniques du monde qui coule

Paris - Katmandou en autostop. Parti à la découverte du monde et des humains, je vous propose ici un témoignage pseudo-journalistique, à hauteur d'homme et de paysage.

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Par Les Chroniques du monde qui coule (Hippolyte)
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đŸ‡«đŸ‡· - Le cap du voyageur

🇬🇧 - The traveller's cape

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Il arrive un moment dans les voyages au long-cours oĂč l’exceptionnel devient le quotidien. 
La majoritĂ© des gens n’auront jamais la chance d’expĂ©rimenter cette rĂ©alitĂ©, on peut donc la considĂ©rer comme entrant dans la catĂ©gorie des “phĂ©nomĂšnes sociaux affectant les pourris-gĂątĂ©s”. 

Je m’en excuse par avance auprĂšs de mes proches qui lisent ceci Ă  la pause-dĂ©jeuner dans un immeuble de la grisaille parisienne, mais vous n’avez pas le monopole du mal-ĂȘtre ! On peut trĂšs bien avoir le blues sous les tropiques, et dĂ©primer en buvant de l’eau de coco

AprĂšs 8 ou 9 mois sur la route, mĂȘme le plus aguerri des baladeurs doit apprendre Ă  composer avec des pĂ©riodes oĂč l’énergie qu’il croyait inĂ©puisable vient Ă  manquer. C’est le cap du bagpacker, le passage redoutable oĂč la nouveautĂ© devient la routine. 
Si le corps se repose en quelques jours inactifs, l’esprit, lui, a besoin d’un carburant bien particulier

Pour un voyage qui a du sens, l’élan vital vient de la curiositĂ© et de l’ouverture d’esprit. Il n’est pas communĂ©ment admis qu’on puisse venir Ă  bout de ces deux qualitĂ©s, et pourtant

Si elles se basent bien sur des caractĂ©ristiques plus ou moins dĂ©veloppĂ©es chez les individus, il m’apparait maintenant clairement que ces forces entrent dans la catĂ©gorie des Ă©nergies, qu’on brĂ»le, qu’on accumule et qu’on Ă©conomise pour trouver un nouvel Ă©lan. 
Il est illusoire de croire que l’humain peut ĂȘtre ouvert Ă  la nouveautĂ© en permanence, la triste rĂ©alitĂ© est qu’il est une crĂ©ature instable dans ses dĂ©sirs comme dans ses Ă©motions. 

Il est des jours oĂč le baroudeur acharnĂ© aimerait s’enfermer dans une bulle, et ignorer la diffĂ©rence qu’il est venu chercher. 
Il est des moments oĂč le voyageur le plus patient haĂŻra en bloc les galĂšres, les locaux, et mĂȘme la culture de ce pays qui le pousse Ă  bout. 
Il est des instants oĂč il en vient Ă  se demander ce qu’il fout lĂ . 

Puis, tout lui revient en bloc: le gris et le froid, les journĂ©es sans sourires, l’impression de passer Ă  cĂŽtĂ© de son existence et l’importance de faire de sa vie quelque chose d’extraordinaire. 
Alors, il inspire un grand coup ces odeurs exotiques, expire ses doutes et son mal du pays, puis ramasse son sac à dos. 

Il se frotte les yeux pour retrouver l’émerveillement qui les habite au quotidien, met sa main en visiĂšre pour choisir un objectif lointain
 
Et se remet en marche.





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There is a time in long term travelling when the exceptional becomes the ordinary. 
The majority of people will never have the chance to experience this reality, so it can be considered as entering the category of "social phenomenons affecting the spoilt only". 

I apologise in advance to my relatives who are reading this on their lunch break in a grey Parisian building, but you don't have a monopoly on misery! You can have the blues in the tropics, and get depressed while drinking coconut water...
After 8 or 9 months on the road, even the most seasoned traveller has to learn to deal with periods when the energy he thought was inexhaustible runs out. This is the bagpacker's cape, the dreaded passage where novelty becomes routine. 
If the body rests in a few days of inactivity, the mind needs a very special fuel...
For a meaningful journey, the vital impetus comes from curiosity and open-mindedness. It is not generally accepted that these two qualities can be overcome, and yet...
If they are based on characteristics that are more or less developed in individuals, it is now clear to me that these forces fall into the category of energies, which are burned, accumulated and saved in order to find a new impulse. 
It is an illusion to believe that humans can be permanently open to new things, the sad reality is that they are unstable creatures in their desires and emotions. 

There are days when the hardcore adventurer would like to lock himself in a bubble, and ignore the difference he has come to seek. 
There are moments when the most patient traveller will hate the hassles, the locals, and even the culture of the country that pushes him to the limit. 
There are moments when he comes to ask himself what he is doing here. 

Then everything comes back to him: the grey and the cold, the days without smiles, the feeling of missing out on his existence and the importance of making something extraordinary out of his life. 
So he takes a deep breath of those exotic smells, exhales his doubts and homesickness, then picks up his backpack. 
He rubs his eyes to regain the wonder that inhabits them every day, puts his hand in his visor to choose a distant goal... 

And sets off again