Les chroniques du monde qui coule

Paris - Katmandou en autostop. Parti à la découverte du monde et des humains, je vous propose ici un témoignage pseudo-journalistique, à hauteur d'homme et de paysage.

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Par Les Chroniques du monde qui coule (Hippolyte)
25 sept. · 2 mn à lire
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đŸ‡«đŸ‡· - Sadaqa (charitĂ©)

🇬🇧 - Sadaqa (charity)

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Certains d’entre vous se demandent peut-ĂȘtre pourquoi je ne partage que des belles photos d’un des pays les plus dĂ©favorisĂ©s au monde. 

N’est-ce pas nier la rĂ©alitĂ© que de partager avec une audience curieuse uniquement la couleur des minarets et l’harmonie des priĂšres face au soleil couchant ? 

La misĂšre est bien lĂ , partout, et je la prends chaque jour en pleine face.

Les enfants défigurés et les grands-pÚres éclopés par les mines, les femmes au corps dissimulé dont on ne voit que la main tendue leurs bébés dans les bras


Il y a aussi ces hommes dĂ©charnĂ©s qui s’échinent dans les champs pour arracher Ă  la poussiĂšre des touffes vertes qui nourriront maigrement leurs foyers. Il y a ces files d’ouvriers sans travail qui attendent au bord des routes avec leurs pelles et leurs bras Ă  louer. 

Cette vĂ©ritĂ©, s’il faut la dire, je ne crois pas qu’il faille pour autant la montrer.
Il y a une indĂ©cence crasse Ă  photographier la misĂšre, car le procĂ©dĂ© immortalise l’individu dans une vulnĂ©rabilitĂ© qu’il n’espĂšre que passagĂšre. 

Si l’image choque et marque plus profondĂ©ment que les mots, elle identifie pour toujours quand l’écriture, elle, anonymise les ĂȘtres. 

Certaines photos cĂ©lĂšbres ont beau faire le tour du monde, elles ne l’ont pas encore changĂ© pour autant. 

Pour Ă©voluer dans un monde oĂč les Ă©carts de privilĂšges sont si grands, l’individu est contraint de dĂ©velopper des mĂ©canismes de dĂ©fense. J’ai dĂ©jĂ  parlĂ© de ce blindage du cƓur et de l’ñme qu’ont dĂ» dĂ©velopper la plupart des gens pour ne pas perdre l’esprit devant l’horreur et l’indignitĂ©. 

Ce blindage, s’il est parfois nĂ©cessaire, ne me semble pourtant pas enviable, et l’on ne sort pas grandi d’avoir su fermer les yeux. 

La solution la plus efficace me semble ĂȘtre l’application quotidienne de la charitĂ©. C’est l’un des piliers de l’Islam (sadaqa), et ma bouĂ©e de sauvetage pour Ă©voluer dans un environnement oĂč pas un sur un million n’a ma chance. 

Cette bouĂ©e ne m’épargne pas de grandes dĂ©tresses face Ă  l’injustice du monde et mon incapacitĂ© Ă  le rendre meilleur, mais elle me permet au moins de continuer Ă  flotter. 

GrĂące Ă  elle je peux dĂ©river sur les vagues de l’existence en regardant, malgrĂ© l’abĂźme, briller les Ă©toiles.

Si vous voulez me soutenir, vous pouvez le faire sur tipee :
https://fr.tipeee.com/les-chroniques-du-monde-qui-coule
(Cet argent ne sera employĂ© qu’à des fins de voyage, de dĂ©couverte et de libertĂ©)

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Some of you may be wondering why I only share beautiful photos of one of the most deprived countries in the world. 

Isn't it denying reality to share with a curious audience only the colour of minarets and the harmony of prayers facing the setting sun? 


The misery is there, everywhere, and it’s hitting me in the face every day. 

Disfigured children and grandfathers shattered by mines, women with hidden bodies whose outstretched hands are all we see, their babies in their arms...

Then there are the emaciated men toiling in the fields to pluck green tufts from the dust to feed their meagre households. 

There are the lines of unemployed workers waiting by the roadside with their shovels and their arms for hire. 


This truth needs to be told, but I don't think it needs to be shown. There is a crass indecency in photographing misery, because the process immortalises the individual in a vulnerability that they hope is only temporary. 

If the image shocks, and makes a deeper impression than words, it identifies people forever, whereas writing anonymises them. 

Some famous photos may have travelled around the world, but they have not yet changed it. 


To evolve in a world where the gaps in privilege are so wide, the individual is forced to develop defence mechanisms. 

I have already spoken of the armouring of the heart and soul that most people have had to develop to keep their spirits up in the face of horror and indignity. 

Although this armouring is sometimes necessary, it doesn't seem to me to be an enviable thing, and you don't grow out of closing your eyes. 


The most effective solution seems to me to be the daily application of charity. It's one of the pillars of Islam (sadaqa), and my lifeline to evolve in an environment where not one in a million has my chance.It doesn't save me from great distress at the injustice of the world and my inability to make it a better place, but at least it keeps me afloat. 

Thanks to it, I can drift on the waves of existence, watching the stars shine, despite the abyss.